La thérapie “existentielle”, c’est quoi ?

Parfois, ce qui nous fait souffrir n’est pas un trauma spectaculaire, ni une blessure de l’enfance, mais le sentiment de vide, de perte de sens, de séparation d’avec nous-mêmes. Nous avons une vie stable, peut-être même confortable, mais nous nous sentons absents à nous-mêmes.

C’est précisément ce que la psychologie existentielle cherche à accompagner : non pas seulement les symptômes, mais le vertige de l’existence, les questions fondamentales que nous portons tous, souvent en silence :
Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? Que faire de ma liberté ? Que signifie mourir ? Comment aimer ?
Cette branche de la psychologie, à la croisée de la philosophie, de la thérapie et de la spiritualité, est née au XXe siècle. Voici ses grandes figures.


Viktor Frankl : trouver un sens malgré la souffrance

Survivant des camps de concentration, Viktor Frankl a fondé la logothérapie, une approche centrée sur la quête de sens.
Selon lui, l’homme peut survivre à tout, s’il trouve un “pourquoi”. Ce sens ne nous est pas donné : il se découvre, dans la responsabilité, le choix, le dépassement de soi.
Frankl invite à ne pas fuir la souffrance, mais à l’interroger, à la transformer en profondeur existentielle.

“Ce qui donne un sens à la vie donne aussi un sens à la souffrance.” – V. Frankl.


Carl Rogers : être pleinement soi

À partir des années 1950, Carl Rogers développe une approche profondément humaniste. Pour lui, chaque être humain possède une tendance naturelle à la croissance, à la réalisation de soi.
Le rôle du thérapeute est alors d’offrir un cadre de sécurité et de bienveillance, où la personne peut se rencontrer sans jugement, avec congruence et authenticité.
Rogers replace le cœur au centre de la thérapie. Il montre que la relation elle-même est guérissante, si elle est vraie.


Abraham Maslow : des besoins à l’éveil

Maslow est connu pour sa pyramide des besoins, qui va des besoins fondamentaux (manger, dormir) jusqu’aux besoins de sens, d’amour, d’accomplissement.
Mais on oublie souvent qu’il a aussi étudié les “états d’expérience optimale”, qu’il appelle expériences de sommet : des moments d’éveil, d’unité, d’émerveillement.
Pour Maslow, la santé psychique ne consiste pas seulement à guérir les blessures, mais à accéder à notre plein potentiel humain.

“Ce que l’homme peut être, il doit le devenir.” – A. Maslow


Irvin Yalom : regarder l’angoisse existentielle en face

Yalom est sans doute l’un des plus brillants représentants contemporains de la psychologie existentielle. Il parle de l’angoisse de la mort, de la solitude, de la liberté et du sens comme des expériences fondamentales de la condition humaine.
Plutôt que de les éviter, il propose de les accueillir, d’en faire un moteur de transformation.
Ses livres mêlent profondeur thérapeutique et sagesse humaine. Il montre que la vulnérabilité partagée entre le patient et le thérapeute peut devenir un chemin d’éveil.


Une thérapie qui parle à l’âme

La psychologie existentielle ne cherche pas à réparer un moi défaillant, mais à accompagner un être en quête de vérité.
Elle ne propose pas de solutions rapides, mais un espace pour respirer, questionner, se retrouver.
Elle nous rappelle que guérir, c’est parfois simplement oser être, pleinement, au cœur du mystère de l’existence.

Frédéric Florens